Le Tétragramme : יהוה


Le nom de l'Eternel se trouve dans l'Ancien Testament sous la forme de 4 lettres hébraïques : YHWH ( יהוה ), appelé le tétragramme sacré.

Par sa Parole, la Bible, Dieu nous a fait connaître son nom personnel : Jéhovah.

Source : La vérité qui conduit à la vie éternelle, page 17 + cover

Les témoins de Jéhovah (TDJ) sont fiers d'être appelés ainsi, car, disent-ils, le vrai nom de Dieu est Jéhovah

Remarque : Le Tétragramme YHWH (ou JHVH) (Yod-Hé-Waw-Hé) ne se trouve jamais dans les originaux grecs du Nouveau Testament !

Dans le grec original, le nom de Dieu y est généralement rendu par "kurios" (Seigneur), y compris lorsqu'il s'agit d'une citation de l'Ancien Testament qui avait le tétragrammme YHWH.

Les traducteurs du "Monde Nouveau" insèrent le nom "Jéhovah" quelque 237 fois dans leur traduction du Nouveau Testament. Ces différences révèlent un manque de fidélité de la part des traducteurs, envers le texte inspiré.

Le Témoin de Jéhovah vous dira qu'il n'y a que la "Traduction du Monde Nouveau" qui possède le nom divin dans les Ecritures grecques chrétiennes (Nouveau Testament).

Pour justifier leurs arguments, ils affirment qu'à l'origine, le nom de Jéhovah figurait certainement dans les originaux du Nouveau Testament, mais que les copistes l'en auraient enlevé !

Nous ne possédons aucun manuscrit grec des livres classés dans nos Bibles de Matthieu à Révélation qui contienne le nom divin sous sa forme complète. Faut-il en déduire que celui-ci ne devait pas y figurer ? Ce serait surprenant... Il existe encore des milliers de manuscrits des Ecritures grecs chrétiennes, mais la plupart d'entre eux ne remontent pas plus loin qu'au IVe siècle. Voilà qui soulève une question importante : Se pourrait-il que le texte des Ecritures grecques chrétiennes ait été altéré avant le IVe siècle, de sorte que le nom de Dieu en aurait disparu ? Tout indique que c'est bien là ce qui s'est passé.

Source : Le nom divin qui demeure à jamais, pages 23, 24.

"Alors pourquoi le nom divin est-il absent des manuscrits aujourd'hui disponibles des Ecritures grecques chrétiennes ou de ce qu'on appelle le "Nouveau Testament"? De toute évidence parce que, à l'époque où ces copies ont été faites (à partir du troisième siècle), le texte original des écrits des apôtres et des disciples avait été altéré"

Source : Auxiliaire pour une meilleure intelligence de la Bible, page 772

Ce qui signifierait que les milliers de manuscrits du Nouveau Testament que nous possèdons, ont tous été falsifiés!... de qui se moque t-on ?

Il est impossible qu'une telle falsification ait pu être réalisée, puisque les copistes se trouvaient parfois à des milliers de kilomètres les uns des autres, qu'ils ne parlaient pas la même langue et qu'ils ont vécu à des siècles d'intervalles.

Si, comme le prétend la WT, les originaux du Nouveau Testament avaient subi une telle modification, pourquoi ne pas remettre en question tous les écrits depuis Matthieu jusqu'à l'Apocalypse ?

Cependant, nous pouvons faire confiance à Dieu, car c'est avec un soin "jaloux" qu'il veille sur sa Parole, ainsi que cela est écrit :

...je veille sur ma parole, pour l'exécuter.

Jérémie 1:12  

Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne oeuvre.

2 Timothée 3:16-17  

Si nous devions retenir l'éventualité d'une altération des Ecritures, où donc serait notre référence ?
A quel "document officiel" pourrions-nous nous référer ?
En considérant ces propos troublants, il me semble entendre comme l'écho de cette parole provenant du fond des âges et jadis prononcée à l'attention d'Eve : " Dieu a-t-il réellement dit ... ?

L'article suivant s'incrit en faux contre les déclarations précédentes.

Jugez plutôt :

- " Les découvertes de manuscrits plus anciens de la Bible faites au cours des dernières décennies, font remonter le texte grec jusqu'à l'an 150 de notre ère, seulment 50 ans après la mort de l'apôtre Jean, survenue environ à l'an 100. Ces manuscrits nous donnent l'assurance que nous possèdons un texte grec restauré digne de foi. Voyez à quelle conclusion aboutit Sir frederic Kenyon, ancien directeur du British Muséum : " L'intervalle qui sépare la date de rédaction des manuscrits originaux de celle des documents les plus anciens que nous possédons devient si minime qu'il est en fait négligeable et que les dernières raisons permettant de laisser subsister un doute sur l'intégrité du texte qui nous est parvenu s'en trouvent désormais dissipées. L'authenticité et l'intégrité générale des livres du Nouveau Testament peuvent-être considérées comme établies ".

Source : Toute Ecriture est inspirée de Dieu..., page 310.


Il n'y a pas un seul parmi les quelques 5000 exemplaires manuscrits du NT qui contienne le tétragramme.

Si la Chouraqui met le tétragramme dans le Nouveau Testament, il le met systématiquement là où nous traduisons Dieu. C'est un parti pris hébraïsant discutable peut-être, mais du moins, contrairement à la TMN, il se montre honnête.

Une précision, si le Tétragramme apparait de très nombreuse fois (plusieurs milliers d’occurrences) dans le texte hébreu de l’Ancien Testament, il est absent des livres d’Esther, de l’Ecclésiaste et du Cantique des Cantiques... Donc l'utilisation de Tétragramme n'était pas généralisée.

Par contre ce Nom n’apparait nulle part dans le texte grec du Nouveau Testament. Pas un seul manuscrit du NT ne contient le Nom divin, sous aucune forme que ce soi.

Jusqu’ici, nous ne parlons que de la LXX (Septante), donc de l’AT. Quel rapport avec le NT ?

Voici les faits avérés et prouvés sans écran de fumée !

1) L'argument de la TMN se résume ainsi :

“le texte originel du NT a été volontairement altéré par des copistes des premiers siècles, et ce sont des manuscrits de la LXX qui le prouvent.”

Il n’est peut-être pas inutile d’observer que les témoins de Jéhovah font habilement “glisser” la question de ce qui est écrit noir sur blanc dans le Nouveau Testament, vers celle de ce qui aurait été écrit dans l’Ancien Testament de référence des rédacteurs du NT.
On ne parle donc plus de ce qui est écrit dans le NT par ses rédacteurs, mais de ce qui aurait pu être lu par eux. Il faut bien noter, avant d’accepter d’analyser cette question, qu’on ne parle déjà plus du vrai problème : les TDJ ne s’intéressent plus à ce que nous disent les témoins directs, mais débattent seulement de témoins indirects, auxquels ils accordent plus d’importance.

2) Faisant suite au travail du professeur Howard (celui qui est cité triomphalement par la Watchtower), le professeur A.Pietersma démontrera dans un article fort bien argumenté de 1984, que des papyrus, précisément parmi ceux qui sont cités comme preuves de “l’usage de l’époque” par la Watchtower, portent nettement la marque d’une révision, d’un travail de correction systématique par le scribe, et que le modèle original de ce papyrus ne comportait très probablement pas le Tétragramme.

Le texte originel de la LXX ne comportait PAS le Tétragramme, et que seul un groupe de textes révisés de celle-ci fera le choix de l’introduire, au lieu du traditionnel “Kurios”.

(Voir par exemple “La Bible Grecque des Septante : du judaïsme hellénistique au christianisme ancien”, de par M. Harl/G. Dorival/O.Munnich (éditions cerf/CNRS), chapitre IV (“Le texte de la Septante”), partie II (“Le remaniement des textes dans l’Antiquité”), page 157)

3) Ce que les TDJ ne veulent pas remarquer, c’est que le Tétragramme n’est pas traduit dans les manuscrits de la LXX : alors que nous sommes dans un texte grec le Tétragramme apparait en hébreu. Mieux encore : il apparait souvent en caractères paléo-hébreux, c’est -à-dire dans un alphabet qui est déjà archaïque à l’époque même de sa rédaction : il s’agit-là de caractères écrits dans un alphabet non seulement inconnu des lecteurs hellénisants auxquels s’adressait la LXX, mais même aussi devenu obsolète chez les hébraïsants. Pour en revenir à notre sujet (la LXX et ses transcriptions du Nom divin), nous pouvons dire des lecteurs grecs de cette époque qu’ils avaient exactement le même problème que nous en lisant leur “Bible” : ils ignoraient comment se prononçait ce « mot », qui n’était pas traduit, et pas même retranscrit dans leur alphabet ! En fait, il n’était même pas écrit dans le “bon sens” (puisque l’hébreu se lit de droite à gauche, à l’inverse du grec). Les lecteurs de la LXX, même dans ses recensions palestiniennes, ne prononçaient manifestement pas le Nom de Dieu. Ils en connaissaient la “graphie sacrée”, le “dessin” du Nom en quelque sorte, il savaient que ce “dessin” représentait le Nom sacré de Dieu, mais ils ne pouvaient pas le lire.

Il y a toutefois, pour être vraiment exhaustif, un manuscrit du Lévitique (4QLXXLevb), trouvé à Qumrân, qui rend le Nom divin en lettres grecques (et qui le rend par IAÔ). Néanmoins si cette exception est remarquable, elle n’en reste pas moins exceptionnelle… Et surtout nous verrons que les TdJ, même s’ils voulaient rester à tout prix accroché à ce témoin textuel unique au détriment de tous les autres, continuent d’être confrontés à des contradictions insurmontables.

Quand on veut tirer des conclusions sur un sujet doit-on se fier à la règle ou à l'exception ?


Au debut du premier siècle, Kurios, et pas יהוה dans sa LXX.

En outre, puisqu’on parle des faits, ceux-ci montrent sans trop de détours que Philon, un Juif d’Alexandrie, par exemple, au début du 1er siècle (avant la rédaction du NT, donc) lisait bel et bien Kurios, et certainement pas יהוה dans sa LXX.

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Voici par exemple ce qu’il peut dire, précisément à l’époque supposée du Christ :

« Il était, dès lors, entièrement conforme à la raison qu’aucun nom propre ne pût être convenablement attribué à celui qui est en vérité le Dieu vivant. Ne vois-tu pas qu’au prophète désirant sincèrement s’enquérir de la vérité, et qui demande ce qu’il doit répondre à ceux qui l’interrogeront quant au nom de celui qui l’a envoyé, il dit : « Je suis que je suis », ce qui revient à dire : « Il est de ma nature d’être, non pas d’être décrit par un nom » ? Mais pour que la race humaine ne soit pas tout à fait privée de toute appellation à donner au plus excellent des êtres, je t’autorise à utiliser le mot Seigneur comme un nom ; le Seigneur Dieu en trois natures — instruction, sainteté, et pratique de la vertu dont Abraham, Isaac et Jacob sont consignés comme symboles. Car cela, dit-il, est le nom éternel, pour autant qu’on s’en enquiert et qu’on le discerne dans le temps, tel qu’il existe en rapport avec nous, et non dans ce-temps-là qui était avant tout temps ; et c’est aussi un souvenir qui n’est pas placé au-delà de la mémoire ni de l’intelligence, et une fois encore il s’adresse à ceux qui sont nés, non pas aux natures incréées. Car ce sont des hommes qui viennent en une génération créée et mortelle qui ont l’usage nécessaire du nom divin, de sorte que, s’ils ne peuvent parvenir au meilleur, ils parviennent au moins au meilleur nom possible, et qu’ils s’accordent avec lui. Mais l’oracle sacré proféré comme de la bouche du Souverain de l’univers dit que le nom propre de Dieu n’a jamais été révélé à quiconque, lorsque Dieu apparaît disant : « Je ne leur ai pas montré mon nom. » En effet, par un subtil changement dans la figure de langage qui apparaît ici, le sens de la parole est en quelque sorte : « Mon nom propre je ne le leur ai pas révélé », mais seulement celui qu’on emploie d’ordinaire, quoique non sans méprise, pour les raisons évoquées ci-dessus. Et, de fait, le Dieu vivant est si indescriptible que même les puissances qui le servent ne nous annoncent pas son nom propre. Du reste, après que le pratiquant de la vertu eut lutté pour obtenir celle-ci, il demanda au Maître invisible : « Dis-moi ton Nom », mais celui-ci répondit : « Pourquoi me demandes-tu mon nom ? » Et il ne lui dit aucun nom particulier et propre, car, dit-il, il te suffit d’apprendre mon exposition ordinaire. Mais quant aux noms qui représentent les choses créées, ne cherche pas à les trouver chez les natures immortelles. »

Source : De mutatione nominum (Du changement des noms), § 11ss

Il n’est bien sûr pas question de débattre ici sur la pertinence de l’analyse de Philon. Ce qu’il écrit ici n’est pas (ne refaisons pas l’erreur de la Watchtower…) “le point de vue du judaïsme” du 1er siècle de notre ère. Ce n’est représentatif que de Philon et du courant auquel il est lié.

Mais ce dont on peut être par contre certain, en le lisant, c’est que la LXX qu’il lit et qu’il cite à son époque ne contient que “Kurios” comme nom pour désigner Dieu (précisément, si l’on suit son idée, parce que ce n’est pas à proprement parler un nom propre).

L’idée que les éditions de la LXX du 1er siècle contenaient le Tétragramme, et que ce sera seulement “dans les siècles suivants” que “Kurios” le remplacera (par superstition, aime-t-on dire) est donc une parfaite ineptie. On a bien chez Philon la preuve que “Kurios” est déjà bien là, en lieu et place du Nom divin, dès la première partie du 1er siècle, et sans aucun doute bien avant.

La théorie de la Watchtower concernant un hypothétique usage “originel” du Nom dans la Septante a donc plus que du plomb dans l’aile…

Ainsi, dès son point de départ, l’argumentation jéhoviste est tributaire d’une affirmation tout à fait gratuite.


Les manuscrits grecs ne contiennent ni le tétragramme, ni le Nom Divin

Pour ce qui est du nouveau testament, nous constatons que l'ensemble des manuscrits grecs les plus anciens ne contiennent ni le tétragramme, ni le Nom Divin. Nous avons pris ci-dessous l'exemple du Papyrus Bodmer II aimablement transmis par la fondation Martin Bodmer de Genève. Ce dernier date du 2ème siècle et est un des plus anciens de l'évangile de Jean à notre disposition. Notons au passage la grande proximité entre la mort de l'âpotre, la rédaction de son évangile et le manuscrit Bodmer II. Les 3 photos représentent de gauche à droite: Jean 12:34-38, Jean 12:38-42, Jean 12:12-16. Ni tétragramme, ni le Nom Divin n'apparaissent, alors que la watchtower l'a mis dans sa "traduction du monde nouveau"...( Jean 12:13, Jean 12:38)

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Source : http://www.brooklyntower.com/page1.htm

 


Voici les faits avérés et vérifiables

1) Il n’y a pas de manuscrits connus des Écritures grecques chrétiennes qui emploient le Tétragramme. Il y a plutôt plus de 5 000 manuscrits existant qui emploient Kurios, avec les plus vieilles datations fiables remontant entre l’an 201 et l’an 300 de notre ère. Ce fait, à lui seul, représente un obstacle insurmontable pour l’inclusion du Tétragramme dans les traductions contemporaines des Écritures grecques chrétiennes.

2) Aucun changement textuel des Écritures grecques chrétiennes peut-il survenir universellement et instantanément. Tout changement dans lequel Κύριος aurait été substitué pour יהוה aurait laissé un mélange de manuscrits montrant les deux formes. De plus, un tel changement aurait laissé des variantes dans la formulation grecque représentant un parallèle mais pas des substitutions exactes.

3) Un changement dans les Écritures grecques chrétiennes de יהוה à Κύριος aurait eu une profonde influence sur la théologie de la congrégation chrétienne du premier siècle. Que ces 237 références aient été changées du Tétragramme à Kurios, la compréhension des personnes de Jéhovah et de Jésus aurait été radicalement altérée. Il est inconcevable qu’un changement si extrême a pu survenir avec aucune objection de la part des rédacteurs de la congrégation chrétienne primitive et aucune défense de points de vue divergents par ses partisans. Les sujets fréquents d’hérésies et de controverses qui ont fait surface dans l’histoire primitive de la congrégation chrétienne sont connus de nos jours à cause des échanges épistolaires et des écrits des Pères de l’Église. (Dans plusieurs cas, les écrits autant de la faction hérétique que des défenseurs de la foi sont représentés.) C’est ainsi que les débats avec les gnostiques, les nominalistes, les donatistes, les marcionites, les manichéens, la controverse aryenne et de nombreuses autres sont bien connues et documentées pour nous aujourd’hui. Malgré tout ça, un débat concernant la suppression du Tétragramme n’a jamais été mentionné. Plus que certainement, considérant la magnitude de la prétendue altération, elle aurait été mentionnée si elle avait eu lieu.

4) Il y a de nombreux écrits anciens à part les Écritures. Ces écrits grecs non canoniques citaient fréquemment des passages des Écritures hébraïques. Il n’y a pas de preuves que les écrits de l’époque de la congrégation chrétienne primitive employaient le Tétragramme dans ces citations. Plutôt, ces écrits employaient librement le mot grec Kurios lorsqu’ils citaient ou faisaient allusion aux passages des Écritures hébraïques. Les premiers de ces écrits auraient été produits en deçà de 10 à 30 ans après que le dernier Évangile a été écrit. Il est inconcevable qu’en deçà de 10 à 30 ans de la fin de la mise par écrit des Écritures, ces écrits corrompus auraient librement circulé dans la congrégation chrétienne primitive s’ils avaient contenu une hérésie aussi sérieuse que la dénaturation de la nature de Jésus.

5) L’expansion géographique des premières congrégations milite contre une hérésie uniforme qui aurait supprimé toutes preuves écrites d’enseignements précédents sans laisser aucune trace.


Du temps de Jésus déjà, le tétragramme ne se prononce plus

Relatant la manifestation de Dieu à Moïse lors de l’épisode du buisson ardent, l’historien juif Flavius Josèphe, contemporain des apôtres, écrit (vers 94 apr. J.-C.) :

« Alors Dieu lui révèle son nom qui n’était pas encore parvenu aux hommes, et dont je n’ai pas le droit de parler. »



Source : Antiquités Judaïques, II, XII, 4, § 276

Flavius Josèphe, qui a connu le second Temple, était issu d’une famille de prêtres. Il n’ignorait probablement pas la prononciation exacte du tétragramme qu’il se garde de révéler. De fait, plusieurs sources rabbiniques spécifient que même lors des bénédictions, il était interdit de prononcer le nom divin, du moins en Province, et que l'on devait utiliser une autre appellation, dont « Adonaï », « Seigneur », était la plus usitée (Mekhilta sur l'Exode, XX, 24 ; Sifré sur les Nombres, VI, 26). Lors de la Bénédiction sacerdotale, précise-t-on, « on doit y prononcer le nom divin mais seulement dans le Temple, dans la maison des prêtres ; ailleurs on emploie une désignation » (Sifré sur les Nombres, VI, 23). Même le grand prêtre, qui officiait dans le Temple et qui était pourtant autorisé à prononcer le Nom lors de certains sacrifices, ne le faisait alors plus qu'à voix basse de façon à ce qu'il soit inaudible :

« Jadis on le prononçait à voix haute, mais quand se multiplièrent les libertins, on le prononça à voix basse. Rabbi Tarphon disait :

je me tenais parmi les prêtres, mes frères, à mon rang ; je tendais l'oreille vers le grand prêtre et je l'entendais avaler le nom au milieu des chants des prêtres. Jadis il était livré à tous, depuis que se multiplièrent les libertins, il ne fut livré qu'à ceux qui étaient dignes. Samuel, en passant, entendit un père maudire son fils par ce nom : il mourut et il dit : cet homme s'en est allé et quiconque a voulu entendre a entendu. »

Source : Talmud de Jérusalem, Yoma, 40d

D’après une autre tradition rabbinique, les prêtres du Temple cessèrent de le prononcer lors de la bénédiction sacerdotale à la mort de Simon le juste survenue vers 195 avant J.-C. (Talmud de Babylone, Yoma, 39b ; Tosephta, Sota, XIII, 8).

Il y a donc, à l’époque qui nous intéresse plusieurs éditions différentes de la LXX, et pas du tout un texte qui serait standardisé, le même pour tous, comme le sont nos livres d’aujourd’hui.

Le professeur A.Pietersma démontra dans un article fort bien argumenté de 1984, que des papyrus (de la LXX), précisément parmi ceux qui sont cités comme preuves de “l’usage de l’époque” par la Watchtower, portent nettement la marque d’une révision, d’un travail de correction systématique par le scribe, et que le modèle original de ce papyrus ne comportait très probablement pas le Tétragramme.

Il ne s’agit donc pas de “l’usage de l’époque”, mais simplement de l’usage d’une certaine école du judaïsme…

On pourra encore noter soit la malhonnêteté intellectuelle, soit l’ignorance des TdJ (dans les deux cas, c’est bien embrassant pour des personnes qui prétendent au titre d’“enseignants”, comme le revendiquent tous les TdJ…), lorsqu’ils appellent à témoin de leur théorie des papyrus contenant le texte des révisions de Symmaque et d’Aquila.

En effet, ils s’agit là de révisions, comme leur nom l’indique, qui avaient, elles aussi, l’ambition de corriger le texte traditionnel de la LXX considéré comme “altéré” (par rapport à leurs conceptions du judaïsme, essentiellement issues de la branche “pharisienne” qui s’imposera comme “autorité centrale” après la chute de Jérusalem). Ces révisions constituent un remaniement en profondeur du texte traditionnel de la LXX.

Or, ces révisions sont postérieures à la rédaction du NT (en tout cas selon la chronologie qu’en donnent les TdJ). Ces révisions n’ont donc pas pu être utilisées par Paul ou ses contemporains. Citer ces révisions comme preuve -ou même comme indice- que la LXX qu’utilisaient ces chrétiens contenait bien le Nom divin est donc particulièrement fautif.

Le principe même d’une “révision”, c’est qu’elle entend corriger le texte précédent, que le “réviseur” trouve inadapté. Se référer à un texte corrigé ne nous donne évidemment pas d’indication de ce qu’était le texte avant d’avoir été corrigé ! Affirmer que le Tétaragramme se trouvait dans le texte traditionnel de la LXX avant sa révision puisqu’il s’y trouve après, est donc un non-sens : la présence du Tétragramme en hébreu fait précisément partie de ce que l’on pense avoir été (en autre, bien sûr) l’objet de la correction.


Les faits avérés et prouvés :

1) AUCUN manuscrit du NT ne contient le Tétragramme. On ne trouve l’emploi du Nom divin nulle part dans le texte du NT, tel qu’il nous est parvenu.

2) Les TDJ (du moins : ceux qui émettent la doctrine) le savent parfaitement, mais comme cela va à l’encontre de leur point de vue, ils choisissent d’ignorer volontairement ce qui est écrit dans ce texte qui nous est parvenu, au profit de manuscrits d’un autre texte, non pas ceux du NT, mais ceux de l’AT en grec. Les TdJ affirment que ces témoins textuels de l’AT grec nous renseigne mieux sur le NT que les manuscrits du NT. On glisse donc une première fois d’une question relativement simple (“ce qui est écrit dans le texte du NT en grec”) à une question beaucoup plus floue (“ce qu’auraient été les sources textuelles des rédacteurs du NT lorsqu’ils citaient l’AT”).

3) Les TDJ présentent certains manuscrits de l’AT, en grec, qui font apparaitre le Tétragramme. Or, les TdJ sont incapables de fournir la moindre preuve tangible que ces manuscrits-là de l’AT aient un quelconque rapport avec le texte du NT. En effet ces manuscrits ne nous apprennent jamais que l’existence d’une certaine façon de faire, contemporaine des premiers chrétiens, mais il ne s’agit que d’un usage parmi d’autres. On “glisse” donc une deuxième fois : on passe du constat de faits matériels et vérifiables (l’existence de certains papyrus montrant l’usage du Tétragramme dans certaines recensions de la LXX autour du 1er siècle) à une affirmation gratuite (“ce sont ces éditions-là de la LXX qui servaient de source aux premiers chrétiens, et pas une autre”). Si tel était bien le cas, on devrait en toute logique retrouvé ce Tétragramme dans le texte du NT, ce qui n’est pas le cas. « Falsification par les copistes ! » nous dit-on. Admettons, mais…

4) Mais, même après avoir accepté de suivre deux fois de suite les TdJ dans leurs “glissades” successives (qui ne servent jamais qu’à éviter d’avoir à “affronter” le texte du NT lui-même, qui, depuis le début, devrait être le seul qui nous occupe…), on ne parvient toujours pas à leur conclusion, à savoir que les premiers chrétiens faisaient du Nom divin un usage comparable à celui des TdJ aujourd’hui. En effet,le Nom divin est utilisé dans ces textes à l’état de Tétragramme hébreu, c’est-à-dire qu’il n’y a plus qu’une écriture, mystérieuse et sacrée du Nom, à ce point sacrée qu’il n’est absolument pas question de la traduire, ni même parfois de le transcrire dans un alphabet contemporain : on choisissait alors d’écrire ce Nom dans un état ancien, en caractères archaïques, comme pour ne pas toucher à sa seule forme écrite !

 

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